samedi 3 décembre 2011

Les archives Peoria

Thierry Panetier et Patrick Gleyzes, 2011

C'est dans un restaurant du Mans, il y a quelques semaines, que j'ai eu le plaisir de retrouver Thierry Panetier et Patrick Gleyzes, deux acteurs essentiels de notre aventure. Les musiciens manceaux connaissent bien Patrick Gleyzes, en tant que musicien, mais également pour son rôle important dans le développement des musiques actuelles, entre autres au sein de la structure Abrazik, dans laquelle tant de talents ont éclos.

J'avais déjà rencontré Thierry et Patrick séparément il y a quelques années, après des recherches liées à l'association Peoria, qui a joué un rôle important dans l'histoire du groupe Satan (cf : 1973 : de Heaven Road à Satan). A cette époque, Patrick Gleyzes avait eu la gentillesse de me confier les archives de l'association, lesquelles allaient se révéler extrêmement précieuses dans le cadre de mes recherches. En effet, celles-ci comprenaient un grand nombre de documents parfaitement conservés ayant trait à l'activité de l'association de sa constitution entre novembre 1973 et la rentrée 1974. C'est sur cette période courte mais intense en effet que Peoria avait offert au public manceau de grands moments musicaux en organisant des concerts gravés dans les mémoires, avec des formations mythiques telles que Gong, Zao ou Nucleus. Mais en parallèle, Patrick et Thierry avaient également joué un rôle déterminant dans le parcours de Satan en organisant pour eux une tournée au printemps 1974, dont le coup d'envoi était le fameux concert en ouverture de Caravan au Théâtre Municipal du Mans.

Les archives de Peoria offraient donc une documentation riche et complète sur cette partie du parcours du groupe. Y étaient conservés de nombreuses photos et documents de communication (affiches, dossiers de presse), mais également des contrats, courriers ainsi qu'un journal de bord reprenant la totalité des démarches entreprises avec les programmateurs et organisateurs qui constituaient les interlocuteurs de l'association. Enfin, des documents de comptabilité complétaient le dossier, des comptes liés aux concerts jusqu'aux factures d'essence, permettant de retracer avec une redoutable précision l'itinéraire exact du groupe sur la route !

Ces archives constituaient donc un matériau précieux et providentiel, qui permettaient de s'appuyer sur des bases concrètes pour mieux comprendre cette période riche et déterminante dans l'histoire de Satan, que vous serez invités à retrouver dans le prochain épisode, bientôt disponible sur ce blog, et consacré dans le détail à l'année 1974.

Mais revenons à Thierry et Patrick. Amis depuis l'école, ils ont vécu ensemble leurs premiers émois musicaux, d'abord rock, puis jazz, au début des années 70. Tandis qu'ils faisaient leurs premières armes sur scène au sein du groupe Thébaïde (dans lequel on retrouve notamment Paul Maucourt, futur membre fondateur du Grand Orchestre du Splendid), ils s'intéressaient à la scène rock mancelle. Et c'est dans ce contexte qu'intervient Heaven Road, que Patrick découvrit à l'occasion d'une boum de fin d'année à l'Ecole Normale, animée par le groupe. Patrick : "J'habitais à l'époque rue Julien Bodereau, donc tout à côté de l'E.N. à la Croix de Pierre, et c'était quelque chose d'assez incroyable que de découvrir Heaven Road comme ça, juste à côté de chez moi". Thierry : "C'était un groupe que l'on trouvait intéressant, parce que c'étaient de bons musiciens, plutôt charismatiques, qui jouaient la musique que nous aimions, et qui la jouaient plutôt bien". Et les deux amis de se remémorer la fameuse version de "Astronomy Domine"... "C'étaient des types sympas, que nous aimions bien, alors on a voulu les aider. Avec nos petits moyens, mais avec une vraie envie et même un certain culot, peut-être même de l'inconscience !"

Thierry Panetier et Patrick Gleyzes, circa 1977-78

Et c'est donc quelque trente-huit ans plus tard, autour de la restitution de ces archives à leurs propriétaires, que les souvenirs de cette époque resurgissent, au gré de savoureuses anecdotes ("Ah les virées à Orléans dans la 2 CV d'Alec !", "Oh le van de Gong et le contrôle policier sur la route !"), et de témoignages passionnants qui éclairent sur l'engagement quasi-militant de Patrick et Thierry dans la musique, avec une ferveur et une sincérité qui force l'admiration et le respect.

En attendant de retrouver Peoria dans le prochain épisode des aventures de Satan, votre serviteur souhaite adresse un grand merci à Thierry et Patrick pour leur soutien et leur gentillesse !

dimanche 12 juin 2011

Alec raconte !

Tout (ou presque) a été dit sur Heaven Road. Je me limiterai donc à raconter quelques souvenirs qui m'ont marqué, quelques anecdotes et impressions, au fur et à mesure que ça me revient en mémoire... et pourquoi pas retravailler certains morceaux que l'on jouait à cette époque, pour notre plus grand plaisir, et celui de nos "vieux" fans...

J'ai commencé à côtoyer le milieu "musicos" à 17 ans, en suivant les Blackers. J'étais fan de batterie, et je montais et démontais celle de leur batteur, qui n'était autre que René Guérin, qui est passé par la suite chez Alan Jack Civilisation, puis chez Martin Circus. Il est aussi le fondateur de la revue Batteur Magazine. J'avais d'ailleurs présenté René Guérin à Boby (Yves Tribaleau), mais il n'y a pas eu de suite...

Je "m'amusais" aussi au piano. C'est là que le guitariste des Field Flowers m'a proposé de jouer avec eux. Mais ce groupe s'est assez rapidement disloqué. Et par la suite, alors qu'il n'y avait même plus les Redskins, un groupe extraordinaire dont l'élément principal était Robert Dhal, guitariste de grand talent, j'ai découvert Heaven Road. J'étais devenu un de leurs "groupies". Je me souviens même m'être imposé aux côtés de Gus, à l'éclairage. J'étais à l'armée à cette époque, mais étant marié, j'ai bénéficié d'une incorporation rapprochée, à Angers pour être plus précis. J'étais en "perm" tous les week-end. C'est à cette époque que Chouchou (Michel Chevrier) m'annonce que leur claviériste Christophe Plettner quittait le groupe, et me propose de le remplacer. Je lui ai répondu que je ne savais pas si je serais à la hauteur. Il m'a rétorqué que j'avais "l'esprit" et que ça pourrait le faire. Quand on s'est mis créer nos propres compositions, chacun apportait ses idées, et on les travaillait ensemble. C'est l'idée même que je me faisais d'un "groupe".



Boeuf à la Chambre du Commerce du Mans, circa 1967 (outre Alec Richard aux claviers, on reconnait respectivement à la guitare et au micro, Pierre Capelle et Michel rascagnères, futurs membres du Ramsey Set)

La tournée des plages :

Ce qui devait être une tournée s'est en fait soldé par un contrat au "Casino" de Taron-plage (qui n'avait rien d'un casino, soit dit en passant), et nous étions payés aux entrées. C'est à dire qu'effectivement, nous ne savions pas comment nous allions payer le camping, au bout d'un mois et demi... Et - ô miracle - je ne me souviens plus si c'est venu d'Yvon Botrel ou d'Alain Lorréard, "on" nous propose un passage-gala au cours d'un bal animé par le groupe (ou orchestre) Granvoinet Forum, au fin fond de la Vendée profonde. Et (ouf!!!), nous voilà revenus au Mans !!!



Michel Chevrier, André Beldent et Alec Richard sur scène avec Heaven Road, 1971

Episode MJC Château du Loir :

Nous jouions en première partie de Magma. Quand ces derniers se sont retirés de la scène, je me souviens d'un Tribaleau bondissant sur scène, en furie, prenant le micro et annonçant: "Voilà ce qui se passe, on a un contrat, ils ne veulent pas nous payer si on ne joue pas plus longtemps. Nous, on a rempli notre contrat !!! (sic)" En fait, ça s'est terminé par un boeuf avec quelques éléments de Magma et de Heaven Road (sans Vander, bien entendu...)



Heaven Road dans les coulisses du Golf Drouot, 5 mars 1971 (de gauche à droite : Christian Savigny, Alec Richard, Michel Chevrier, Richard Fontaine, André Beldent et Jean-Louis Briant)

Episode Golf Drouot :

Nous y sommes allés très décontract'. Mais c'était malgré tout Paris, le Golf ! On ne savait pas dans quel ordre les groupes passaient, et Paris regorge aussi de talents. Finalement nous sommes passés en dernier!... Yesss!!! Nous avions bien préparé notre répertoire, le temps de passage étant limité. Mais dès les premiers morceaux, nous avons senti un certain enthousiasme croissant du public. Il faut dire aussi que parmi les spectateurs, il y avait un certain Thomas, qui avait rameuté une équipe de joyeux drilles. On avait même failli ne pas jouer notre dernier morceau, ayant dépassé le temps imparti. Finalement, le sonorisateur a accepté de nous laisser terminer, par un morceau de choix: "Rock Your Mama" version Heaven Road. Pourtant, il s'en est fallu de peu que nous ne puissions aller jouer au Golf. En effet, j'étais militaire, jusqu'à présent toutes mes "perms" avaient été acceptées. Pourtant, juste ce week-end, ma perm avait été refusée. Qu'à cela ne tienne, je suis parti en "fausse"...

Bien sûr, il y a des albums et des musiciens qui m'interpellaient à cette époque. J'aimerais en l'occurrence retrouver l'album de East of Eden, "Nymphenburger". Sinon, j'étais fan des Yardbirds et des Kinks, et toute la lignée qui a suivi : Deep Purple, Led Zeppelin, etc. Mais le principal, c'était le blues, et ça l'est toujours d'ailleurs. Entre autres John Mayall, que j'ai vu à Bagnol sur Cèze il y a quelques années, avec le même jour et juste après, Nine Below Zero. Que du bonheur ce soir-là !